Codes sociaux : si importants et si différents !

17 Jun 2015

Lors de toute expatriation à l’étranger, ou de voyage prolongé, le nouvel arrivant voit nécessairement un certain nombres de différences culturelles qui sautent immédiatement aux yeux. Des différences culturelles qui peuvent faire sourire – on les comprend alors rapidement et on tente de s’y adapter, des différences qui rendent perplexes – on ne peut alors s’empêcher de les comparer avec ses propres habitudes étrangères, ou des différences qui semblent parfois si incompréhensibles, qu’elles nécessitent un effort d’adaptation si important qu’il faut du temps et des efforts pour s’y faire.

Évidemment, plus on passe de temps sur place, plus les différences de la catégorie 3 tendent à passer dans la deuxième, puis dans la première catégorie. On s’adapte, parfois même sans s’en rendre compte – c’est aussi ce qui fait la beauté de l’expatriation, et c’est lors de son retour dans son pays d’origine que le choc est le plus frappant… et qu’il faut de nouveau se réadapter à son propre pays !

Mais avant de parler du choc du retour, concentrons-nous un instant sur ces différences culturelles à trois niveaux entre France et Canada, en tentant d’être le plus exhaustif possible.

 

Les différences de catégorie 1

 

On parle ici des petites choses qu’on trouve sympathiques, intéressantes ou amusantes. La plupart du temps, elles prêtent à sourire et sont finalement bien agréables et rapides à intégrer dans notre quotidien. Le genre de choses qui nous font dire “on est quand même bien ici”.

 

Dire bonjour

 

Un “hi, how are you?” sans contact physique est, la plupart du temps, largement suffisant. Le fait de dire bonjour est globalement bien moins codifié au Canada qu’en France. La poignée de main reste une valeur sûre dans un cadre formel ou pour toute première rencontre, et le hug (sorte d’accolade chaleureuse où on se tape dans le dos) est dédié aux personnes dont on reste proche. Pour ces derniers, la bise “à la française” est parfois utilisé (davantage chez les francophones que chez les anglophones d’ailleurs). Tout dépend du contexte et du niveau “d’amitié”’ Quoi qu’il en soit, pour éviter les situations gênantes, ne tentez pas l’embrassade systématique. Enfin, à noter qu’au Canada, on demande systématiquement “comment ça va”, y compris (et c’est la différence avec la France) quand on ne connaît pas la personne (par exemple une caissière au supermarché, un vendeur en magasin…). Un idiome surprenant au début, mais qui n’est rien de plus qu’une formule de politesse. Pas la peine de raconter votre vie à chaque fois qu’on vous le demande !

 

Et alors ? On s’y fait bien. Vraiment bien. On gagne du temps, de l’efficacité et on évite toute gêne inappropriée. En France, la dictature de l’embrassade systématique, surtout avec des personnes qu’on ne connaît pas forcément très bien, est parfois un peu pesante, mais reste un code social obligatoire. Passer outre signifie que l’on n’accorde aucune importance à la personne en question, ou pire, qu’on la méprise. Plus le nombre de personnes est important plus on perd du temps à embrasser tout le monde, sans compter les situations ou on oscille entre deux, trois ou quatre bises, et en hiver quand les grippes, rhumes et autres joyeusetés sont de la partie. Bref, une différence culturelle bien appréciable !

 

La ponctualité

 

Ce qui semble totalement normal à un Canadien – être à l’heure – peut sembler parfois étrange à un Français. La ponctualité, souvent à la minute près, est quelque chose de tout à fait normal et totalement intégré à la vie en société, en particulier dans un contexte professionnel. Une légère marge de tolérance de 4 à 5 minutes est acceptable à titre exceptionnel, mais oubliez à tout prix le fameux quart d’heure de retard systématique à la française. Il peut être perçu comme irrespectueux et arrogant : des qualificatifs dont nous sommes d’ailleurs fréquemment affublés dans le monde.

 

Et alors ? On peut prendre cette habitude pour une rigidité d’esprit, mais en réalité, elle appelle surtout une efficacité sans compromis. Les réunions ne traînent pas. Les gens sont souvent cinq minutes en avance pour se préparer et quand une rencontre d’une heure est prévue, elle ne dépassera jamais les 60 minutes. Ponctualité rime ici avec respect, concision et efficacité. Non seulement il serait très malvenu de se faire attendre – et ce quel que soit son “grade” dans une entreprise – mais souvent les réunions commencent avec ou sans vous. Résultat, si vous êtes en retard, non seulement vous passez pour un “maudit français”, mais vous avez déjà loupé une partie de la réunion pour laquelle personne ne fera l’effort de vous faire un résumé. Il fallait être là à l’heure ! Et franchement, on s’y fait très bien à cette habitude.

 

Faire la queue

 

Au Canada, c’est une religion ! A la caisse d’un cinéma, à l’arrêt de bus ou au restaurant, on fait religieusement la queue toujours et partout. Pas de bousculades à la française comme sur les quais du métro parisien, pas d’invectives fleuries parsemées de noms d’oiseaux, pas de pression physique, les canadiens sont disciplinés et bien élevés. Non seulement tout le monde fait la queue, mais en plus, on vous le reprochera, subtilement ou non, si vous brisez cette loi sociale totalement ancrée dans les moeurs.

 

Et alors ? Quel bonheur ! On abandonne définitivement le mode “barbare” avec le couteau entre les dents quand le bus arrive à un arrêt bondé et on gagne vraiment en sérénité et en tranquillité d’esprit. On a le plaisir de respecter les autres et de se sentir respecté. Ainsi, c’est globalement mieux organisé, plus facile et au final, on gagne du temps. Quant aux rares fois où un resquilleur tenterait de passer en force ou en douce, il se fait gentiment mais fermement rabrouer…

A noter ainsi dans les différences de catégorie 1, quelques habitudes au restaurant comme le doggy-bag (on ramène chez soi les restes de son repas) ou le partage de l’addition (tout est clair est transparent, les serveurs ont l’habitude de faire plusieurs additions lorsqu’on vient en groupe) qui sont toujours bien agréables.

 

Les différences de catégorie 2

 

Ce sont les différences culturelles qui mettent un peu plus de temps à appréhender. Celles qui nécessitent un peu de gymnastique mentale pour comprendre ce dont il s’agit, les intégrer et qui peuvent encore prêter à sourire, même après plusieurs mois sur place.

 

Question de vocabulaire

 

J’ai déjà eu l’occasion d’écrire plusieurs articles sur le sujet de la francophonie et la langue française au Canada, mais il est vrai que la question du vocable utilisé est un point qui nécessite quelques efforts lorsqu’on débarque en terrain francophone. Sans parler de l’accent, chaque région, province ou territoire dispose de ses propres expressions, ses propres codes linguistiques et on y est globalement assez mal préparé en arrivant. Heureusement, l’adaptation est rapide mais peut toutefois donner lieu à certains imbroglios. Un exemple concret : les français prennent leur petit déjeuner le matin, déjeunent le midi et dînent le soir. Les canadiens francophones déjeunent le matin, dînent le midi et soupent le soir. Donc, quand vous êtes invités à un dîner et que vous ne faites pas attention, pour vous, pauvre français, c’est forcément un soir… et là, c’est le drame ! Non seulement vous avez planté votre interlocuteur le midi, mais en plus, vous finissez tout seul le soir.

 

Et alors ? C’est en apprenant de ses erreurs qu’on progresse ! Lorsque certaines expressions peuvent sembler totalement incompréhensibles, on utilise différentes stratégies. On commence par essayer de traduire la phrase en anglais, en supputant une traduction littérale (par exemple “tu me le laisses savoir” pour “let me know” qui veut dire “tiens moi au courant”). Si cette option ne fonctionne pas, on peut tenter de deviner le sens global par le contexte global ou la sonorité (“Je n’en veux pantoute” où l’on devine que ça se rapproche de “je n’en veux pas du tout”). Enfin, si c’est vraiment trop incompréhensible, il n’y a pas de honte à demander le sens du mot ou de l’expression de la manière la plus respectueuse possible. Ce sera souvent l’occasion d’une belle discussion sur les différences linguistiques entre francophones où chacun ira de son anecdote.

 

A chacun son style

 

Je parle ici de style d’un point de vue humour et communication. C’est à dire la manière de s’exprimer sur certains sujets et ce qui peut nous faire (ou pas) rire ou sourire. A ce titre, par expérience et après plusieurs lectures, il semblerait que les français aient placé au rang de sport national les jeux de mots, l’humour vachard, les traits d’esprits et le cynisme. On se taquine, on se vanne, on se bouscule un peu parfois dans nos échanges d’humour, mais toujours avec des règles clairement établies. Le second degré est omniprésent tout comme une certaine forme d’humour noir, régressif ou moqueur. En tant que français, nous avons l’habitude de ces joutes verbales, ça doit faire partie de notre ADN, de notre patrimoine culturel et de notre éducation. Le problème, c’est qu’on est vraiment en décalage avec les canadiens sur ce point.

 

Et alors ? Quand après quelques tentatives de bons mots ou d’humour vaguement appuyé, on ne se heurte qu’à des gros yeux, à un visage choqué ou à un sourire poli, on se dit qu’il y a un fossé entre le message et la manière dont il est perçu. C’est à dire littéralement. Je ne veux pas dire que les canadiens n’ont pas de second degré ou n’ont pas d’humour, mais nous ne sommes pas vraiment sur la même longueur d’onde à certains moments. Pour eux, la communication doit être simple, directe et aller droit au but. Ils n’ont rien à prouver en tournant en rond, en imageant un discours, en raillant un sujet ou en réagissant du tac-au-tac sur une réplique particulière. Ils sont même parfois mal à l’aise lorsqu’on en fait un peu trop et ne comprennent pas toujours l’intérêt de vanner ou réagir sur un bon mot. Et ça franchement, c’est une habitude culturelle qu’on a un peu de mal à perdre. Parfois, les choses viennent naturellement à l’esprit et au moment de balancer une vanne, on se retient au dernier moment, et on la garde finalement pour soi, bien au chaud. Dommage, mais c’est ainsi. Ça fait partie des petits sacrifices à consentir par moment.

 

BYOB

 

C’est l’acronyme de “Bring Your Own Beverage” (ou “Bottle”) qui signifie en français “apportez votre propre boisson/bouteille” (sous-entendu alcoolisée). Cette tendance est assez développé au Canada et commence à s’amorcer tranquillement en France, même si au pays du bon vin, les résistances risquent d’être plus fortes. En fait, ce principe propre aux restaurants consiste à demander aux clients d’apporter leur bouteille de vin à déguster avec leur repas. Le restaurateur ne propose pas de vins à la carte, mais se propose bien sûr de vous servir votre propre bouteille à table. A noter que certains restaurants peuvent imposer un droit de bouchon, c’est à dire une sorte de taxe sur l’addition pour vous avoir servi votre propre vin. Vu de France, on est en pleine science-fiction… C’est toute la beauté des différences culturelles internationales !

 

Et alors ? Il y aurait deux avantages principaux à cette méthode. Le premier est d’ordre financier : les bouteilles vendues dans les restaurants étant toujours plus chères que celles vendues dans le commerce, on s’y retrouve forcément, même si on n’a pas la “magie” de choisir dans une carte longue comme le bras avec un sommelier qui vous fait la promotion de chaque bouteille. Second avantage : on sait ce qu’on boit. Il est rare d’être déçu sur son choix de vin, en raison d’une bouteille de piètre qualité. En venant avec la vôtre, vous êtes (normalement) sûrs de savoir à quoi vous en tenir et les risques de déception sont plus rares. La seule chose qui me chagrine toujours c’est que dans la grande tradition gastronomique française, on accorde avec patience et réflexion un vin avec un plat. Impossible donc d’amener une bouteille sans connaître la carte à l’avance et de choisir ce qu’on va manger. Ici, et bien… si ! Le choix doit être un peu moins… subtil. Une différence culturelle surprenante donc, en particulier pour les amateurs de vin et les habitués des restaurants “à la française”.

 

Les différences de catégorie 3

 

Dernière catégorie, avec les différences les plus ultimes, les plus coriaces… bref, celles qui nous font toujours sursauter, même après des mois, voire des années sur place et pour lesquelles l’adaptation est difficile et prend beaucoup de temps. Il faut un effort d’adaptation si important qu’on hésite souvent sur le comportement à tenir : s’y adapter ou assumer le fait qu’on ne s’y fera jamais.

Sur-exclamation

 

En terme de communication inter-personnelle, on réagit tous différemment et avec différentes émotions aux petites et grands événements de la vie. On peut avoir de l’empathie, une écoute polie ou un mouvement de tête pour indiquer à notre interlocuteur que l’on suit avec attention son histoire. Mais en Amérique du Nord (je mets effectivement, et par expérience, les américains dans le même sac que les canadiens sur ce point), on tombe parfois en pleine caricature avec une sur-exclamation qui confine parfois au ridicule. Vous savez, ce  fameux “amazing”, ou ce “Wow, non c’est pas vrai ?”. Difficile de le faire ressortir à l’écrit, mais à l’oral, on s’extasie souvent sur tout, on en fait des caisses pour pas grand chose et on trouve que tout est toujours “incroyable”, “fantastique” ou “exceptionnel”. J’ai toutefois un biais dans cette analyse forcément empirique et ai encore du mal à me dire s’il y a une différence entre les anglophones et les francophones sur ce point. J’aurais tendance à penser que les francophones seraient plus proches des français, c’est à dire plus discret dans les manifestations émotionnelles, plus prudents et plus méfiants.

 

Et alors ? Cette tendance exagérée à la sur-exclamation quasi permanente est d’abord une bonne surprise. Enfin des gens motivés, sympathiques, optimistes et positifs qui prennent la vie du bon côté ! Wow ! Amazing ! Fantastic ! Sauf qu’on bout d’un moment, ça tourne au ridicule. Cette faculté de s’extasier pour tout et rien est souvent fatiguante et malgré tous nos efforts pour compatir à ces superlatifs exhilarants, on sent bien le décalage. Difficile de se départir de cette culture de la vieille France où l’on reste toujours sur la défensive, à s’interroger sur le bien-fondé de cette poussée d’excitation vocale pour une nouvelle qui nous laisse le plus souvent de marbre. Trop humbles et trop discrets les français ? Pas vraiment. Juste une différence de comportement intéressante et pas si grave, au fond, mais à laquelle on a bien du mal à s’adapter.

 

Question de format

 

Changer de continent veut souvent dire changer d’habitudes quotidiennes. Et quoi de plus quotidien que les unités de mesure utilisées tous les jours ? Aux États-Unis, pas de surprise. Le changement est radical et l’utilisation des mesures impériales – aussi compliquées soient-elles pour un français – nécessite une sacrée gymnastique mais on finit par s’y habituer avec beaucoup d’efforts. Les miles, pouces, onces et autres degrés Fahrenheit sont comme une langue étrangère qu’il faut apprendre peu à peu. On oublie ses anciens référents et on en trouve des nouveaux. Sauf qu’au Canada, les choses sont un peu différentes. En théorie l’usage légale des mesures impériales a disparu dans les années 70 pour laisser place au système métrique. Mais dans la vie courante, la transition a non seulement laissé des traces, mais a, de plus, gardé sur certains points, les deux systèmes en parallèle, pour les plus grands malheurs des français. Imaginez que vous parliez deux langues différentes en même temps et en fonction du contexte vous utilisez un mot d’une langue et un mot d’une autre langue. Confus, n’est-ce pas ?

 

Et alors ? Concrètement, on mesure les distance en kilomètres. On utilise les degrés Celsius et les masses en grammes. Jusque là, ça va. Sauf que… chez le médecin, on vous pèse en kilogrammes, mais les nouveaux nés sont pesés en livres. On mesure les distances en mètres et kilomètres mais les surfaces des appartements sont en pieds carrés. Pour mesurer votre taille, on utilise en théorie le mètre, mais la très grande majorité des canadiens vous parlera en pouces. Les températures sont globalement exprimées en Celsius, mais les anglophones s’expriment encore volontiers en  Fahrenheit. La taille des piscines publiques est, en fonction de l’année de construction exprimées en mètres ou en verges, avec les différences de longueurs qui vont avec. Au restaurant, votre steak sera mesuré en once (6, 8 ou 10 oz par exemple). Ne me demandez pas ce que ça représente, je n’ai toujours pas compris et demande systématiquement conseil au serveur. Seule petite victoire, les stations services ont abandonné le prix au gallon en faveur du prix au litre. Bref, vous comprendrez qu’au Canada, encore plus qu’ailleurs, le biculturalisme est présent dans les moindres détails de la vie courante. Cela fait travailler la mémoire et nos capacités en calcul mental, à défaut de jouer la carte de la simplicité.

 

Téléphone

 

On termine en beauté avec un sujet où la complexité du système est proche de cette fameuse scène des 12 travaux d’Astérix où le gaulois doit chercher un formulaire dans une administration à l’efficacité légendaire. Ou, pour donner une autre image, de ce sketch mythique de Fernand Raynaud, lorsqu’il tente de joindre le 22 à Asnières. Pour faire simple, on oublie le système français et les forfaits de Free à 2 euros par mois pour 2 heures d’appel en France et à l’international avec SMS illimités. Bienvenue dans la jungle ! Ici, on parle des appels interurbains, des appels longues distances, des appels facturés même quand on vous appelle (oui, oui !), des appels facturés quand vous consultez votre messagerie vocale, des engagements de deux ans ou encore des forfaits prohibitifs  à 40 à 50 dollars par mois en moyenne pour un service assez peu efficient en comparaison de l’hexagone. Pour faire simple : c’est cher, très cher, les contrats sont incompréhensibles et rien n’est fait pour vous faciliter la tâche.

 

Et alors ? On en vient à regretter d’avoir pester contre les opérateurs français. Il faut oublier tout ce que vous savez et recommencer à zéro. L’Amérique du nord est le lieu de l’efficacité, de la simplicité, du 100% business et du pragmatisme, non ? Ils ont dû oublier l’étape téléphonie alors ! Même si on sort légèrement du contexte culturel à proprement parler, les communications et leur mode de fonctionnement restent assez obscures et on a l’impression de faire un bond de 10 ans en arrière, à l’époque des forfaits Ola de France Télécom. Il faut malheureusement faire avec et se dire que tout le monde est dans le même bateau, et qu’il n’y a pas grand chose à y faire. Seul point positif : comme (presque) partout en Amérique du Nord, le service client reste très efficace.

 

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