Comprendre le système scolaire canadien pour bien choisir l’école de ses enfants

24 Jun 2018

Que ce soit sur les forums d’expatriés, les réseaux sociaux ou lors de discussions avec mes compatriotes, l’une des questions qui reviennent souvent au sujet du Canada pour les parents ou les futurs parents concerne le système d’éducation. Comment ça marche ? Comment choisir son école ? Quelle langue mes enfants vont-ils parler ? C’est donc l’occasion pour moi de revenir sur le sujet.

Le système scolaire canadien n’existe pas

C’est la première différence avec la France. Il faut oublier tout ce que vous connaissez. Je m’explique : l’éducation au Canada est une compétence provinciale. Cela veut dire qu’il n’existe pas de ministère de l’Éducation nationale à Ottawa, comme il en existe un à Paris. Tout est géré directement par les provinces et territoires. Cela signifie concrètement qu’il n’y a pas, non plus, de programme unique ou de système unique. Chaque gouvernement provincial et territorial construit, gère et fait fonctionner son propre système d’éducation.

Le programme de l’Ontario sera donc différent de celui du Québec ou de la Colombie-Britannique par exemple. Ce programme (appelé ici « ​ curriculum ​ ») est construit par le ministère de l’éducation provincial/territorial et s’applique à toutes les écoles publiques de la province ou du territoire.

Ensuite, il y a la question de la langue.

Au Canada, il est théoriquement possible d’envoyer ses enfants dans une école francophone ou anglophone. Je dis théoriquement, car c’est une réalité qui dépend de votre lieu d’habitation et du contexte minoritaire de la province dans laquelle vous habitez. Vous n’aurez aucun problème à trouver une école en anglais en Ontario ou une école en français au Québec. En revanche, dans un contexte minoritaire (anglais au Québec et français dans le reste du pays), ces écoles se trouvent souvent à proximité des villes et des grandes agglomérations.

Le système scolaire public en Ontario

Je ne vais parler ici que de ce que je connais : l’Ontario. Et rappelez-vous que le système ontarien n’est pas transposable ailleurs, puisque chaque province a un modèle pédagogique et éducatif différent.

L’Ontario gère 5 000 écoles financées par des fonds publics et dispose de 4 systèmes qui fonctionnent en parallèle (et qui, avouons-le, peuvent être un peu déroutant pour les Français qui arrivent) :

  • Le système public laïque anglophone
  • Le système public catholique anglophone
  • Le système public laïque francophone
  • Le système public catholique francophone

Le programme enseigné dans ces écoles sera le même. Seules subsistent des spécificités ou des approches pédagogiques liées à la langue ou au positionnement religieux ou non. Oui, vous avez bien lu : il existe un enseignement religieux catholique dans les conseils scolaires publics ontariens.

Et justement… à propos des conseils scolaires. Que sont-ils ?

Pour résumer, ce sont les organisations qui coordonnent l’éducation au niveau local.

En Ontario, il existe :

  • 31 conseils publics de langue anglaise
  • 29 conseils catholiques de langue anglaise
  • 4 conseils publics de langue française
  • 8 conseils catholiques de langue française

Chaque « ​ catégorie ​ » de conseil scolaire découpe la carte de l’Ontario et gère une zone géographique qui lui est dédiée. Pour les  quatre conseils publics francophones, le CEPEO gère l’est de l’Ontario, incluant toute la région d’Ottawa; Viamonde s’occupe du sud-ouest dont fait partie l’agglomération torontoise, le CSPNE prend le Nord-Est de la province et le CSPGNO le nord.

Prenons un exemple : si vous habitez Toronto et que vous voulez mettre vos enfants en école francophone, vous aurez donc le choix entre les écoles de Viamonde (publiques laïques) ou celles de Mon Avenir qui sont publiques et catholiques.

Chacun de ces conseils scolaires gère directement les écoles qui lui sont rattachées, mais également toute l’administration qui y est liée. Concrètement, les conseils scolaires sont responsables du recrutement des enseignants dans la province. Ainsi, un enseignant souhaitant travailler en Ontario peut choisir de travailler pour l’un des quatre conseils scolaires. Une mise en concurrence que l’on retrouve aussi au moment du choix de l’école puisqu’une famille pourra choisir l’école qu’elle juge la plus adaptée selon ses propres critères (géographique, linguistique ou autre).

On est donc loin des Académies françaises qui ne sont que des représentations de l’État aux niveaux régional et départemental. Au Canada, les conseils scolaires (ou les commissions scolaires pour le Québec) disposent d’un financement propre selon le nombre d’élèves et de vrais pouvoirs de décision et de gestion.

Et le système privé, alors ?

Tout comme en France, rien ne vous empêche de mettre vos enfants dans le système privé, si vous en avez les moyens. Il existe une multitude d’écoles ou d’organismes privés dont la longévité et la réputation sont souvent gages de qualité. Si je prends l’exemple d’Ottawa, les plus connus sont Elmwood (uniquement pour les filles) et Ashburry (mixte). Deux écoles d’ailleurs situées dans le quartier chic de Rockcliffe Park, connu pour ses demeures abritant notamment millionnaires et diplomates.

Enfin, impossible de ne pas parler du système des lycées français. Ce sont des écoles qui vont de la maternelle à la terminale (contrairement à ce que leur nom de « ​ lycée ​ » peut laisser penser) et qui sont souvent gérées localement par un conseil d’administration propre au pays. La spécificité des lycées français étant qu’on y enseigne le programme français de France et que toute l’organisation des apprentissages et des études est calquée sur le modèle français (on parle donc de CP, CE1, CE2, etc.). Les élèves passent le brevet des collèges et le bac, et que ce soit au Canada, en Chine ou en Australie, on y enseigne l’histoire et la géographie française, même si des nuances peuvent exister selon que les lycées soient affiliés ou homologués par l’AEFE. La plupart des enseignants sont d’ailleurs détachés de l’éducation nationale française, bien qu’il y ait également des enseignants en contrats locaux, mais je ne vais pas rentrer dans ces détails techniques.

Au Canada, six villes canadiennes accueillent un lycée français : Ottawa, Toronto, Calgary, Vancouver, Montréal et Québec.

Les frais de scolarité des écoles privées sont directement fixés par les établissements, mais il est fréquent de voir des coûts pouvant aller (et même dépasser) 14 000 à 20 000 dollars par an. À noter que pour les lycées français, l’ambassade de France au Canada distribue des bourses à certaines familles françaises.

Comment bien choisir son école ?

Dans le public, la règle est la même qu’en France : tout dépend de votre lieu d’habitation. Il est toutefois possible de faire des demandes de dérogation pour les parents qui veulent envoyer leurs enfants dans une autre école.

Maintenant, entre système local et lycée français, tout dépend de votre budget, mais également de vos objectifs d’expatriation. Pour la plupart des enfants de diplomates ou des expatriés qui restent quelques années au Canada avant de repartir pour d’autres missions ailleurs, le lycée français semble logique pour plusieurs raisons : ils sont présents partout dans le monde et il y a une logique de continuité. Quel que soit le pays, le programme de CM2 du lycée français d’Ottawa sera globalement le même que celui de Moscou, de Pékin ou de Casablanca. D’autre part, les frais de scolarité sont généralement pris en charge par le pays ou l’entreprise qui envoie son personnel à l’étranger.

Pour les personnes souhaitant s’installer plus durablement au Canada, là aussi la question se pose. Le système public canadien est d’excellente facture. Au classement PISA, les petits Canadiens sont d’ailleurs mieux lotis que les petits Français (“Pisa : au Canada, une éducation «très efficace et équitable»”). L’école est un lieu de socialisation important pour les enfants et aussi une manière de s’intégrer plus efficacement au sein de sa communauté (ce qui est souvent un défi pour les nouveaux arrivants).

J’imagine que si vous êtes parti (ou souhaitez partir) au Canada, c’est aussi pour découvrir un nouveau pays, une nouvelle culture et de nouvelles manières de vivre et de travailler.

Le choix entre public laïc (même si, ici, on parle juste de « ​public ​» – j’utilise et j’ai utilisé dans cet article le mot « ​laïc ​» pour des questions de compréhension) et public catholique est un choix purement personnel qui ne saurait être jugé. Sachez simplement que pour mettre votre enfant dans le système catholique, l’enfant ou l’un des parents doit être baptisé. Au sein des écoles catholiques, on retrouve des représentations du Christ accrochées au mur, des photos du Pape, des manuels religieux dans les bibliothèques et un enseignement religieux en cours. Un choc culturel pour les Français habitués à l’école publique républicaine !

Une dernière chose à savoir : en Ontario, l’école débute à l’âge de 4 ans (et même 5 ans pour le Québec). Avant cela, c’est garderie ou nourrice à domicile. Or, contrairement au Québec, la province de l’Ontario ne gère pas le système de garde pour les petits. Cela signifie que les garderies coûtent très cher et qu’il y a même des pénuries dans certains endroits. Mais j’aurais peut-être l’occasion de faire un article plus spécifique sur ce sujet.

Le français, ça s’apprend, l’anglais, ça s’attrape !

Dernier point sur le sujet : la langue d’apprentissage.

Un sujet bien plus complexe qu’il n’y paraît et je n’aborderai que les contours pour ne pas rentrer dans le détail du quotidien des minorités linguistiques ou du combat presque séculaire des Franco-ontariens.

Alors, anglais ou français ?

Sur ce point, j’ai un avis assez tranché, mais cela n’a pas été toujours le cas. Si vous êtes français (ou francophones), que vous vous expatriez en Ontario avec vos enfants, et que vous souhaitez les mettre à l’école publique, je vous encourage à les mettre dans le système francophone.

Oui, mais on est là pour améliorer notre anglais, non ?

Quel est l’intérêt de venir à l’autre bout du monde pour parler la même langue qu’à la maison ?

C’est vrai que c’est une réflexion qui m’a animé également. Mais comprenez bien que partout en Ontario, l’anglais est omniprésent, y compris dans la région d’Ottawa et de l’Est ontarien où vivent beaucoup de Franco-ontariens. Dans la rue, dans les magasins, au travail, dans les transports… on entend et on parle anglais. Les enfants sont des vraies éponges. Ils sont capables d’assimiler l’anglais très rapidement. Sans compter que la plupart des activités sociales se déroulent en anglais et qu’il y a de bonnes chances que vos voisins communiquent avec vous en anglais.

L’école en français est donc un moyen pour vos enfants de maîtriser réellement les deux langues et de s’intégrer au sein d’une communauté dynamique et vivante.

Il existe également des programmes de “French immersion” dans les écoles anglophones, mais là aussi, il faut être franc : ce ne sont pas des programmes pour les petits Français qui débarquent en Ontario. Ce sont des programmes faits pour que les anglophones unilingues puissent appréhender la culture du français.

 

S’expatrier avec un ou des enfants est souvent un défi important qu’il faut gérer avec soin et la place de l’éducation dans son projet de vie à l’étranger est importante. Toutefois, soyez rassurés : le Canada est un pays d’accueil qui a l’habitude des nouveaux arrivants et dont les ressources communautaires sont très développées pour vous accompagner si vous avez des questions.

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